La tension entre la souveraineté divine et la responsabilité humaine constitue une problématique centrale en théologie chrétienne. Si certains croyants adoptent une approche fataliste de la providence, considérant la protection divine comme un automatisme ne nécessitant aucune action de leur part, d’autres comprennent que la foi implique discernement et engagement. Cette tension théologique a nourri de nombreuses réflexions patristiques, médiévales et contemporaines, traversant les courants du christianisme occidental et africain.
L’épisode de Matthieu 12:14-15 illustre cette dialectique de manière frappante : face à la menace des pharisiens, Jésus ne répond ni par une démonstration de puissance divine immédiate, ni par une confrontation directe. Au contraire, il « s’éloigna », adoptant une stratégie de prudence et de discernement qui souligne la complémentarité entre foi et responsabilité. Ce retrait n'est ni une fuite, ni un renoncement, mais une application concrète de la sagesse divine en contexte de sécurité.
Cette réflexion propose une analyse approfondie de ce passage en dialogue avec les enseignements des Pères de l’Église, des réformateurs, des philosophes et des théologiens africains contemporains. Nous verrons comment ce récit éclaire la nécessité d’une foi active, qui ne se limite pas à une confiance aveugle, mais qui s’accompagne d’un discernement éclairé et d’une responsabilité éthique et spirituelle.
1. Analyse de Matthieu 12:14-15
1.1. Contexte immédiat et enjeux théologiques
Le chapitre 12 de Matthieu met en scène une série de confrontations entre Jésus et les autorités religieuses de son temps. Après avoir guéri un homme à la main paralysée un jour de sabbat (Matthieu 12:9-13), Jésus devient la cible d’un complot meurtrier des pharisiens (v.14). Plutôt que d’affronter directement ses opposants, « il s’éloigna » (v.15), inscrivant son action dans une logique de discernement et non de simple réaction.
Ce choix stratégique n’est pas anodin : il reflète la sagesse divine à l’œuvre dans l’histoire du salut. Comme le souligne Jean Chrysostome, « le Christ, en se retirant, ne fuit pas par crainte, mais pour enseigner l’humilité et la prudence à ses disciples ». De même, Augustin voit dans cette attitude une illustration du discernement chrétien : « Il y a un temps pour combattre et un temps pour céder. Celui qui sait discerner l’un de l’autre chemine dans la sagesse de Dieu. ».
1.2. Analyse lexicale et théologique
L’examen des termes grecs du texte révèle une dynamique subtile :
Ce choix rejoint le principe de prudence formulé dans Proverbes 22:3 : « L’homme prudent voit le mal et se cache, mais les simples avancent et sont punis. » Jean Calvin, dans son Commentaire sur Matthieu, insiste sur ce point : « Dieu veut que nous utilisions notre intelligence et notre raison pour éviter le péril, sans pour autant manquer de foi en sa providence. »
2. Foi et responsabilité : une complémentarité essentielle
2.1. L’équilibre entre confiance et discernement
Loin d’être un signe de faiblesse spirituelle, la prudence est une vertu essentielle de la foi chrétienne. L’Écriture met en garde contre une lecture simpliste de la providence divine. Jésus lui-même refuse d’exiger un miracle de Dieu lorsqu’il est tenté par Satan (Matthieu 4:6-7), montrant ainsi que la confiance en Dieu ne signifie pas prendre des risques inutiles.
2.2. Figures bibliques de la prudence et de l’action
La fuite ou le retrait stratégique est un motif récurrent dans la Bible :
Dans chaque cas, ces actions ne témoignent pas d’un manque de foi, mais d’un alignement avec la sagesse divine.
3. Implications théologiques et contemporaines
3.1. Une foi engagée dans le contexte africain
Dans un contexte marqué par des défis socio-politiques (persécutions, conflits, crises économiques, terrorisme), la foi chrétienne ne peut se réduire à une attente passive de l’intervention divine. L’exemple de Jésus nous invite donc à une « eschatologie engagée », selon Ghislain Afolabi Agbèdè, qui ne se contente pas d’attendre la délivrance future, mais qui œuvre activement pour la justice et la paix dans le présent. En effet, son approche novatrice de l’eschatologie ne se limiter pas aux débats herméneutiques traditionnels sur les événements futurs, il propose une perspective qui intègre l'eschatologie dans les réalités présentes.
3.2. L’éthique de la responsabilité
L’idée selon laquelle « Dieu nous protège » ne doit pas être une excuse pour l’inaction ou l’imprudence. Martin Luther, en période de peste, déclarait :« Je prendrais soin d’éviter la contagion, mais si mon voisin a besoin de moi, je ne me détournerai pas de lui. » Cette posture illustre une foi équilibrée qui conjugue confiance en Dieu et responsabilité humaine.
3.3. Application pastorale et spirituelle
L’épisode de Matthieu 12:14-15 nous rappelle que la foi chrétienne ne consiste pas en une confiance aveugle, mais en un engagement éclairé. Jésus, en choisissant de se retirer, nous enseigne que la sagesse fait partie de la volonté divine. Comme le souligne Dietrich Bonhoeffer, « La foi authentique ne consiste pas en une attente passive, mais en une participation active à l’œuvre de Dieu dans le monde. » (Résistance et soumission). Dans un monde en quête de repères, cet équilibre entre confiance et discernement reste un modèle pour une Église active, prudente et responsable. Que notre foi, nourrie par la Parole et éclairée par l’Esprit, demeure un témoignage vivant du Royaume de Dieu en action.
Jean Chrysostome, Homélies sur Matthieu (Paris : Cerf, 1995).
Augustin, Sermons, Paris, Institut d'Études Augustiniennes, 2001.
Agbèdè, Afolabi Ghislain, Le millénium transformationnel. L’eschatologie engagée, Éditions Fondation Adonaï-Yireeh, 2016.
Luther, Martin, Lettre sur la peste, Wittenberg, 1527.
Bonhoeffer, Dietrich, Résistance et soumission, Paris, Labor et Fides, 1951
L’Institut de Formation de Théologie et de Ministère (IFTM) est un séminaire théologique, un centre chrétien interdénominationnel d’études supérieures en Théologie. La raison de notre existence est de proposer des études théologiques dans un cadre international et en contexte, afin de préparer les hommes et femmes au ministère et les défier à développer l’excellence académique et l’excellence spirituelle dans le but d’être « de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu » (1 Pi 4.10 LSG).
Excellence (académique et spirituelle) – Discipline – Intégrité. Et, notre leitmotiv ou slogan se présente comme suit : Pour le réveil de l’Afrique par la connaissance biblique et théologique.
En effet, pour beaucoup d’Africains l’engagement théologique consiste aux discours sophistes sur Dieu et sa création, bref, la théologie est une science qui se limiterait dans les amphithéâtres. Certes, la théologie est une science et même la mère des sciences ; car à l’origine la théologie s’étendait à tout ce qui est social, au point où « tout ce qui est social est religieux », c’est-à-dire que la politique, l’économie, la science dépendaient d’elle. Mais, à partir du XVIIème siècle peu à peu, les sphères politiques, économiques, scientifiques s’affranchissent de la théologie. C’est ainsi que de plus en plus, Dieu qui était au centre de tout se trouve aujourd’hui en périphérie de tout
Former « de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu » (1 Pi 4.10 LSG).
L’IFTM, par son programme d’études, cherche à repositionner la théologie à sa place de mère des sciences et à montrer que les questions contemporaines trouvent aussi leurs réponses dans la reflexion théologique. Ainsi, la formation qu’offre l’IFTM prépare les étudiants, non seulement, à s’approprier la foi chrétienne, à la prédication efficace de l’Évangile, mais aussi à s’engager dans les différents domaines de la vie, la politique, l’économie, les médias, l’éducation, l’art et loisir, la médecine, etc., pour une présence chrétienne effective dans la société. De ce fait, l’IFTM est ouvert à toute personne qui cherche à approfondir sa connaissance sur Dieu et sa création à travers les sciences bibliques et théologiques, afin d’exercer un ministère efficace dans son environnement immédiat et de s’engager dans la recherche théologique.
L’inscription à L’IFTM se fait par étude de dossier. Les éléments consititufs du dossier se présentent comme suit:
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Le parcours Théologie ( Licence, Master et Doctorat) à l’IFTM s’adresse à des personnes qui aimeraient se lancer dans l'univers de la recherche scientifique. Ce parcours est bâti sur la recherche théologique et la réflexion théologique en contexte. L'objectif est de relier les grandes questions contemporaines aux vérités sur Dieu à travers une formation solide basée sur les textes bibliques et des approches contextuelles.
Le parcours Ministère ou théologie de ministères, est un parcours académique ( Licence, Master et Doctorat) destiné à enrichir les apprenants en fournissant un cadre d'acquisition des connaissances théologiques et de développement des compétences. Ce parcours est conçu pour aider les étudiants à s'engager dans une réflexion théologique à travers une communauté d'apprentissage professionnel, tout en restant ancré dans leur contexte ministériel. Nous visons entres autres objectifs : 1) construire un leadership transformationnel pour développer les compétences des apprenants et explorer de nouvelles idées, afin d’apporter de réforme dans les institutions chrétiennes (églises et mouvements para-ecclésiastiques) dans une perspective missionnelle; 2) et, aider les étudiants à approfondir leur compréhension et leur engagement envers le ministère.
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